Concilier sécurité incendie et sûreté : est-ce impossible ?

Concilier sécurité incendie et sûreté

23 septembre 2021

Concilier sécurité incendie et sûreté

Chaque projet de travaux, notamment dans les établissements recevant du public, doit répondre à une triple exigence réglementaire concernant la sécurité incendie, l’accessibilité des personnes en situation de handicap (PSH), et la sûreté (exigence fonctionnelle ou réglementaire pour les projets soumis à étude de sûreté et sécurité publique (ESSP)). Dans ce contexte, comment concilier sécurité incendie et sûreté?

Concilier sécurité incendie et sûreté : impossible ? 

La prise en compte de ces différents impératifs, parfois complémentaires, parfois divergents, nécessite des compromis :   

  • La sécurité incendie, dotée d’une réglementation conséquente, cherche à intégrer dans les constructions les meilleures conditions d’évacuation, d’accès pour les services de secours, tout en limitant la propagation de l’incendie ; 
  • Les exigences d’accessibilité PSH, plus récentes, s’attachent à favoriser l’accessibilité à l’ensemble des personnes quel que soit leur handicap ; 
  • La sûreté et sécurité publique vise, quant à elle, à prévenir les intrusions, la délinquance en cohérence avec l’environnement du site.  

Schématiquement, l’accessibilité PSH vise à ouvrir les portes, tandis que la sûreté a plutôt tendance à les fermer alors que la sécurité incendie les ouvre et ferme en fonction des circonstances. 

Voies d’accès à l’établissement 

Afin de permettre l’intervention des services de secours en cas de sinistre, les établissements doivent être desservis par des voies utilisables par les engins de secours. Les dispositifs de sûreté mis en place ne doivent pas altérer les conditions d’accès des secours. 

Un dispositif anti-véhicules bélier installé sur une telle voie d’accès doit donc permettre aux véhicules de secours d’accéder, en permanence, aux voies pompiers et aux façades accessibles.  

Les solutions envisageables pour combiner ces exigences au niveau du dispositif de contrôle d’accès en limite de site (portails, barrières, bornes escamotables, herses, etc..) doivent concilier un bon niveau de sûreté et les contraintes d’accès des secours. 

Il peut s’agir notamment d’une des solutions suivantes, ou de la combinaison de plusieurs de ces solutions : : 

  • Dispositif de déverrouillage manuel (clef pompiers ou clef de sûreté) ; 
  • Commande depuis un poste central de sécurité (PCS) occupé 24h/24, et possédant des moyens de surveillance adaptés (télésurveillance, ligne sécurisée) ; 
  • Point de rupture prédéterminé (destruction de la visserie uniquement) ; 
  • Déverrouillage à sécurité positive asservi au système de sécurité incendie (SSI), selon la catégorie de SSI ; 
  • Etc..  

Les dispositifs anti-véhicules béliers (plots, pyramides, jardinières, blocs ou glissières), difficilement déplaçables, doivent être positionnés de manière à ne pas entraver l’accès des véhicules de secours. 

Les dispositifs anti-véhicules béliers mobiles nécessitent une manutention par une présence humaine à proximité immédiate, pour permettre le passage des véhicules de secours en cas de nécessité ou, pour empêcher leur manipulation par des personnes mal intentionnées. 

Façades et baies accessibles 

Chaque bâtiment, en fonction de sa hauteur et de l’effectif du public reçu, doit avoir une ou plusieurs façades accessibles, chaque façade étant desservie par une voie ou un espace libre.  

Les ouvertures en façade devront ainsi être accessibles depuis l’extérieur par destruction du vitrage (façade traditionnelle) ou à l’aide d’une clef pompiers (façade aveugle ou fixe équipée de baies pompiers). Si les baies des façades accessibles ont un haut niveau de résistance mécanique, ces façades doivent être considérées comme « aveugles ».  

Les solutions envisageables pour combiner les exigences de sûreté et de sécurité incendie sont notamment : 

  • La mise en place d’un système de vidéoprotection pour les baies aisément accessibles ; 
  • L’installation sur les baies de dispositifs contacts de position reliés à l’alarme anti-intrusion ; 
  • Le déverrouillage à sécurité positive asservi à un SSI (envisageable selon catégorie du SSI) ; 
  • Une dérogation pour remplacement des façades accessibles par des « tours d’incendie » ou des escaliers considérés comme des solutions équivalentes. Les conditions d’accès à ces dispositifs particuliers doivent être garanties en toutes circonstances ; 
  • Etc.

Équipement d’alarme et SSI 

L’équipement d’alarme et SSI d’un établissement est constitué de l’ensemble des matériels servant à collecter toutes les informations ou ordres liés à la seule sécurité incendie, à les traiter et à effectuer les fonctions nécessaires à la mise en sécurité de l’établissement. 

Dans le cas de l’alarme attentat, plusieurs principes peuvent être mis en exergue et adaptés à chaque situation : 

  • Le signal de l’alarme attentat doit être totalement distinct de celui de l’alarme incendie ; 
  • Le signal ne doit pas permettre à la source de la menace d’adapter son action en fonction des actions internes menées (signal général pouvant être complété par un message codé) ; 
  • Les scénarios et procédures permettent également d’atteindre l’exigence de modularité de la réponse face à une menace protéiforme (scénarios synthétiques, simples et connus du personnel) ; 
  • Le déclenchement des différents scénarios d’alerte doit pouvoir être réalisé rapidement et en différents points de l’établissement. 

Les solutions envisageables pour combiner les exigences de sûreté et de sécurité incendie sont notamment : 

  • La mise en place d’un système de sonorisation de sécurité (SSS), pouvant être raccordé au SSI pour diffusion de l’alarme incendie et pouvant diffuser également les scénarios attentats (pupitres, GSM), la mise en place d’un micro pompier permettant la diffusion de messages d’urgence lorsque nécessaire ; 
  • La mise en place d’un autre système de communication (sonorisation, radio, etc..) indépendant du SSI et permettant d’atteindre les mêmes objectifs ; 
  • Etc.. 

À noter que l’intégration de l’alerte attentats aux équipements d’alarme liés à la sécurité incendie n’est à ce jour pas possible dans le respect des exigences réglementaires. 

Gestion des issues de secours 

La mise en place d’un contrôle d’accès pour verrouillage des portes de sorties de secours peut être autorisée, après avis de la Commission de sécurité, et, sous réserve du respect de certaines mesures comme : 

  • La conformité du dispositif de verrouillage électromagnétique vis-à-vis de la norme en vigueur ; 
  • Une commande par un dispositif de commande manuelle à fonction d’interrupteur situé près de l’issue ou un dispositif de contrôle d’issues de secours permettant de temporiser son déverrouillage (UGCIS) ; 
  • Un asservissement du déverrouillage automatique au SSI doit être réalisé ; 
  • Etc.. 

Pour ralentir ou empêcher le déplacement d’une menace dans l’établissement, la mise en place de dispositifs de verrouillage des issues est envisageable mais les contraintes liées à la sécurité incendie restent prépondérantes.  

Les solutions envisageables pour combiner les exigences de sûreté et de sécurité incendie sont notamment : 

  • Le raccordement des dispositifs de commande manuelle à fonction d’interrupteur au système de contrôle d’accès ou à l’alarme anti-intrusion ; 
  • L’installation sur les baies de dispositifs contacts de position reliés à l’alarme anti-intrusion ; 
  • La mise en place d’un système de type UGCIS associé à une vidéoprotection permettant la visualisation des issues ; 
  • Etc.. 

Afin que le traitement des alarmes liées à la malveillance et au terrorisme soit efficace, la détention de l’information en temps réel (PCS, vidéoprotection, etc..) ainsi que la formation et l’entrainement adaptés du personnel sont nécessaires. 

Conclusion 

Bien que de premier abord antinomique, il est tout à fait possible de concilier sécurité incendie et sûreté. Les exigences de sécurité incendie et de sûreté peuvent être combinées par la mise en place de solutions constructives, techniques et humaines adaptées, cela à condition souvent d’accepter certains compromis. 

La nécessité de respect des différents exigences réglementaires applicables, amène ainsi à un dialogue nécessaire entre concepteurs, bureaux d’étude, et services instructeurs. 

Avec ses compétences croisées en sécurité incendie, sûreté et accessibilité PSH, BatiSafe est à votre disposition pour vous éclairer sur ces sujets.